Desproges me manque. Cet homme n’ était pas irremplaçable, mais force est de constater qu’ il n’ a pas été remplacé. Sa place est toujours vacante, et nul ne se bouscule pour l’ occuper.
Je suis tombé sur cette petite vidéo où il s’ en prend à cette montgolfière de BHL, avec cette conclusion magnifique que j’ ai mise en titre.
Tout lien avec les notes précédentes est bien évidemment volontaire et ne doit rien au hasard !
lenonce
bravo pour cette chronique sur Pierre Desproges.Je ne sais si vous aimez le football.Voici ce qu’écrivait Desproges sur ce sport en 1986:À mort le foot
Par Pierre Desproges
Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j’entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu’ils existent, subissent à longueur d’antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l’honneur minuscule d’être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s’abaisser à jouer au football.
Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l’esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s’enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d’usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?
Je vous hais, footballeurs. Vous ne m’avez fait vibrer qu’une fois : le jour où j’ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J’eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu’à la fin du tournoi. Mais Dieu n’a pas voulu. Ca ne m’a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu’on fasse et où qu’on se planque, on ne peut y échapper.
Quand j’étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l’école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l’idée d’anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n’ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.
Pouf, pouf.
Pierre Desproges
16 juin 1986
Extrait de « Chroniques de la haine ordinaire »
aux éditions Points catégorie Virgule page 163-164.
Blason livres
.J’avoue partager ce sentiment avec lui.
» Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s’enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d’usine ? «
Merci de rappeler quel génie il était …
Aujourd’hui on a Djamel Debbouze: o tempora, o mores !
« Chroniques de la haine ordinaire », ouvrage qui devrait figurer dans la bibliothèque de tout homme digne de ce nom ; et à la place de la Bible sur la table de chevet des chambres d’hôtel !
L’usurpateur mondain résumé en deux scènes mémorables : ici le masque emporté par une tarte à la crème, là se mettant à l’abri d’un courant d’air : http://www.national-hebdo.net/local/cache-vignettes/L500xH375/Scan20001-2-583f6.jpg
Une image vaut mille mots.